top of page

 EXPOSITIONS

TRAVAUX GRAPHIQUES
Travaux graphiques_edited.jpg
IMG-20230811-WA0001.jpg

LUCIANO FIGUEIREDO PLANORAMA | 29.07-16.09.2023

expositon 2023 Galerie Leme.jpeg

DIAPORAMA DE L'EXPOSITION

PLANORAMA
LUCIANO FIGUEIREDO


COMPRENDRE LA FORME
Texte de 
Eucanaan Ferraz

    1- Construction et Géométrie, oui. Mais rien ici ne procure le silence, la stabilité, le repos, ni mêmes les lois inaltérables et abstraites d’un monde idéal.

    2- Nous commençons par un état d’équilibre, sans aucun doute, mais le système construit montre une série de mouvements que nous percevons comme champ d’énergie. La grande question est le rythme : les plans, les masses ; pleins et vides s’organisent musicalement ; comme en architecture, si l’on veut, selon ce qu’on considère qu’il y a d’architectural dans la musique ; ou bien : ce qui dans l’architecture est musical.

    3- L’espace visuel est asymétrique, mais ses rythmes sont maintenus sur la moitié du plan, qui semble suivre la dynamique que lui-même fait apparaître.

    4- Je pense à Le Corbusier, plus précisément à son exploration du carré et du cube. Ou même, je pense dans le développement de sa recherche, représenté par une maison qu’il a définie comme « une boîte dans l’air », la Villa Savoye (1929-1931). Là, la limitation géométrique de la boîte empreinte sa rigueur et sa simplicité à une syntaxe complexe et impressionnante ; l’architecte a obtenu « à l’intérieur de son cadre auto imposé, les qualités espérées de l’asymétrie, de la rotation et de la dispersion périphérique » (Kenneth Frampton, Histoire critique de l’architecture moderne).Ou même, pensé en fonction du mouvement et de la lumière, le plan présente les formes internes à une structure d’une très grande audace, rampes et escaliers en colimaçon, pendant que la forme cubique qui l’entoure garantie l’ordre de tout l’ensemble. Avec la réinterprétation de certains principes de l’art cubiste, Le Corbusier abolit l’étatisme – grâce à la construction d’espaces « mobiles », aux structures transparentes et « ouvertes » - il a structuré les éléments formels et organisa rigoureusement l’espace, en lui donnant, en même temps un sens dynamique.

    5- Sans recourir aux spirales ou aux courbes, Luciano Figueiredo produit un intense dynamisme « à l’intérieur de son cadre auto imposé ».  L’audace de la création – sa liberté – nécessite, disons d’une norme, d’une limite qui lui garantisse justement l’espace à être exploré, contesté, soulevé.

    6- L’espace de la toile est disposé en plusieurs directions. En termes de dessin, nous pouvons dire qu’il est croisé ou coupé par des lignes. Mais elles sont bien plus que cela : ce sont de fins volumes de différentes longueurs. Des baguettes ? oui, et plus que ça : ce sont des mini toiles, en trois dimensions, qui sont posées au-dessus et entre les plans, pendant que ces derniers, placés à différentes hauteurs, se distinguent dans une zone de force déterminée – et jamais rompue – par le cadre.

    7- Et, il est fondamental, de nous confronter à une qualité artisanale irréprochable. Il ne s’agit pas, cependant de quelque chose d’extérieur à la création : l’artisanat est intrinsèque au processus. L’ensemble à travers ses solutions spatiales et chromatiques se laisse voir dans sa propre matérialité. Là même, la mise en espace montre aussi la technique de l’artiste -artisan, qui manipule, coupe, recouvre, allonge ou raccourcit. Elles sont gardées, pourtant, les mémoires de la nature et du corps, et du processus – sa temporalité-, comme vérité formelle, comme architecture qui s’efforce pleinement de faire coïncider l’espace construit et l’espace perçu.

    8- Il faut savoir que Luciano Figueiredo travaille à plat : toute la construction se fait sur une grande table à partir de laquelle il va découvrir les solutions aux problèmes qui vont surgir, malgré quelques études préparatoires. Disons que l’artiste projette par anticipation les limites du dessin, un champ d’exigences formelles qui seulement apparaîtront complètement lors du long déroulement de la construction. 
Le plan prévu ne définit rien si ce n’est le point de départ.
Dans ce sens, le vague et fade terme « organique » paraît juste pour parler du travail de Luciano Figueiredo, car son processus créatif apparaît non pas comme obéissance à une pensée et un calcul mais comme un état permanent d’investigation, de recherche, d’observation, comme système qui se transforme à chaque pas, chaque choix, générant de nouvelles hésitations, perplexités, se faisant sentir à travers une grande exigence physique, émotionnelle, psychique. Percevoir que la singularité de l’œuvre arrive à son terme exige de reconnaître une conclusion imprévue, ce qui ne cessera de surprendre l’artiste quand enfin la structure plane sera présentée en position verticale – sur le mur. Il s’agit d’un jeu, s’il on veut dans lequel la dépense physique et mentale se voit organisée selon des règles qui définissent la perte ou le gain, l’erreur ou la certitude, les décisions prises entre une extrême lucidité et le hasard, le savoir et l’intuition.

    9- On peut dire que Luciano Figueiredo met en avant les principes du néo-concrétisme, en les développant par l’expérience, la recherche constante, le désir de l’invention ; en l’élevant au sommet d’un art décidément contemporain.

    10-  Je dirai que ces travaux font chanter la géométrie.


Eucanaan Ferraz

Traduction François Thiolat

bottom of page